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Quand j'ai commencé à manager j'ai connu quelques problèmes avec mes équipes parce que tout un tas de sujets que je leur demandais de piloter prenaient soit un retard considérable, soit partaient en vrille sans la moindre alerte, soit enfin étaient parfaitement gérés mais avec des impacts notables et négatifs sur leurs autres tâches. Il m'a fallu un moment pour comprendre pourquoi.
Je pense qu'on a tous tendance, quand on ne réfléchit pas trop, à penser que tout le monde fonctionne comme nous. Et je suis plutôt une personne active, qui prend les choses en main, qui préfère s'impliquer pour que "ça avance". L'attentisme ce n'est pas trop mon truc. Je communique, je questionne, je relance.
Bon donc ça c'est moi. Et puis il y a certaines personnes, parfois une proportion importante de personnes, qui ne fonctionnent pas comme ça. Il m'a fallu un moment pour prendre conscience de ce fait (pas pour savoir, pas pour comprendre, mais vraiment pleinement avoir conscience du fait et de ses conséquences).
J'ai réalisé ça petit à petit. En faisant des points d'amélioration avec mes équipes. Après la énième réunion sur l'organisation du temps de travail des uns et des autres. Suite à x post-mortem suite à de gros disfonctionnements. J'ai fini par percevoir à quel point la notion de "prendre les choses en main" et de "gérer" est fluide et personnelle.
A une extrémité du spectre on a des personnes qui estiment qu'elles font ce qu'on leur demande. Et que c'est ça leur missions. Elles sont d'ailleurs parfois / souvent très efficaces et consciencieuse dans ce contexte. Mais aller au devant de la demande, jamais. Si elles ont besoin de la réponse de quelqu'un pour avancer, elles font une demande et attendent.
A l'autre extrémité du spectre, il y a les mouches du coche qui font une demande par mail, la double à l'oral, la triple au téléphone, relancent à la machine à café, par mail, par téléphone, encore et encore, même très loin de la dead-line, même quand on leur a dit qu'on les tiendrait au courant, qu'on n'a pas avancé, qu'on n'y travaillera pas avant au moins deux jours, une semaine, un mois.
Pour ma part je me situe plutôt du second côté. Mettons au 2/3 du spectre.
Et parfois j'ai managé des gens qui sont carrément du côté "je ne fais que si on me dit de faire". Ce n'est pas toujours un mal, surtout pour des postes très opérationnels, dont finalement le niveau de responsabilité ne va pas au-delà. Cela devient nettement plus embêtant dans un poste qui nécessite de gérer des projets, même très petits.
Si en tant que manager je dois accompagner mes équipes pour les faire progresser, je dois aussi connaître les forces et faiblesses de chacun pour gérer l'activité au mieux.
Et donc je dois m'adapter aux capacités de chacun en la matière. J'ai par exemple beaucoup travaillé pour expliquer à certains que j'attendais d'eux qu'ils trouvent des réponses, pas qu'ils se contentent de poser des questions. Une fois ce point acquis, nous avons trouvé des solutions pour les accompagner sur l'acquisition de nouveaux réflexes :
Systématiquement mettre un délai avec une demande (un délai raisonnable compte tenu de l'urgence et de la charge bien sur).
Relancer, une fois le délai dépassé, si on n'a pas de réponse.
Si le délai donné était long, faire au moins une relance intermédiaire pour reconfirmer le sujet.
Ce sont des exemples assez simples, et qui relèvent de bonnes pratiques, mais qui peuvent être de vraies révélations
D'un autre côté je me suis également adaptée à la diversité des profils des membres de mon équipe ou de mes collègues. Pour certains je m'affranchis presque de tout contrôle, la compétence est naturelle ou acquise. Pour d'autres je m'assure justement de bien obtenir les réponses ou réalisations que je demande.
Il n'y a là que des choses très classiques. Mais ça a été une de mes premières prises de conscience de manager, il y a quelques années. Et aussi trivial que soit le sujet ça a été un vrai déclic pour moi.
J'ai pleinement pris conscience à ce moment-là de plusieurs réalités du rôle de manager qui orientent aujourd'hui la façon dont je pratique mon métier. Pêle mêle et de façon non exhaustive on y trouve les "révélations" suivantes:
Je dois avoir conscience de ce que j'attends de mes équipes.
Je dois distinguer les attentes transversales qui s'appliquent à tous des attentes spécifiques à certains profils ou personnes.
Je ne dois jamais oublier que nous fonctionnons tous différemment, et donc que je dois m'efforcer de comprendre le fonctionnement des gens avec qui je collabore.
Je ne dois rien prendre pour acquis, et ce que j'estime être moi du "bon sens" sera une totale inconnue pour mon voisin. Tout mérite d'être explicité si on veut avoir une chance d'être compris.
Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant