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De la difficile tâche de discuter des vérités qui fâchent quand on est un "manager au coeur tendre"
Il y avait une mission, avec des conditions de succès mesurables, des objectifs quantifiés (oui, ce sont des conditions préalables), et cette mission n'a pas été réussie. Si ce n'est jamais agréable de faire le constat d'un échec, ni pour la personne qui était responsable de la mission échouée, ni pour nous manager (est-ce que j'aurais pu faire quelque chose pour éviter cette situation ?), ces vérités là sont relativement faciles à formuler et partager. L'objectif n'est pas d'accuser ou de trouver un responsable à accuser pour cet échec mais bien de dresser un bilan constructif. Il faut alors :
A la fois pour le responsable de la mission s'il porte une part de responsabilité et pour la mission échouée pour ne pas perdre tout le bénéfice du travail engagé. Pour que l'exercice soit le plus efficace possible c'est le responsable de la mission qui doit être à l'origine de cette réflexion pour s'approprier plus facilement les pistes de progrès et reprendre confiance dans sa capacité de succès.
L'exercice devient plus ardu s'il y a eu faute. Il y a déjà eu un échec précédent, à cause (entre autre ou totalement) d'une erreur du responsable. Lors du bilan l'erreur avait été identifiée, et des pistes évoquées pour qu'elle ne se reproduise plus. Et pourtant lors d'un nouveau projet en échec, on constate les mêmes causes, avec les mêmes conséquences. Il est alors crucial de déterminer :
J'exclus volontairement de mon propos des actes délibérés de malveillance. Il s'agit ici de trouver les moyens d'expliquer les conséquences d'un manquement répété (sur la confiance que l'on a dans l'employé et dans ses compétences) et comment restaurer cette confiance. Tout en restant honnête, l'objectif étant une correction du comportement, le discours peut s'articuler autour :
Cette fois la mission est réussie, les objectifs sont atteints, tout est au vert. Et pourtant il y a un problème : la façon de faire a été une catastrophe, ou plutôt en engendré des catastrophes. Par exemple :
Là aussi il faut dresser un bilan et identifier les pistes d'amélioration. Mais il est important de faire comprendre à la personne pourquoi, si la mission est un succès, on peut tout de même considérer qu'elle a échoué en tant que porteur. L'exercice est subtil, il ne faut pas diminuer la valeur du succès du projet et donc l'investissement de la personne dans sa mission et ses compétences, mais bien mettre en exergue le coût de ce succès pour l'organisation. Il ne faut jamais perdre de vue dans une organisation que l'ensemble de nos missions et projets servent le succès global de l'entreprise. La réussite d'un projet au détriment des autres est donc un échec, parce qu'in fine cela dessert l'entreprise.
Accompagner les membres de nos équipes au quotidien pour qu'ils s'améliorent, et s'assurer que les missions qui leur sont confiées ont été correctement réalisées sont deux des principales missions du manager. Et cela passe nécessairement par des discussions autour des échecs et des points d'amélioration. Pour que ces discussions soient le plus efficaces et constructives possibles, quelques bonnes pratiques s'imposent :
Quand on manage une équipe on est souvent confronté à ce type d'échanges. Chaque première discussion de ce type a été l'occasion pour moi d'apprentissages, par essai / erreur et par tâtonnement. Même après plusieurs années je ne trouve toujours pas facile d'avoir ce type de discussion, mais je me suis constituée cet éventail "d'outils" et de situations-types pour m'aider. Avec ça je me suis sentie moins manager débutant. Et puis le niveau de difficulté a augmenté, et il a fallu aborder des sujets plus complexes car beaucoup moins objectifs. Ce sera l'objet du prochain post : Discuter des vérités qui fâchent - level 2 : les vérités subjectives.